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19 janvier 2017

Il affirme avoir été battu « avec une force excessive » par un policier

Le procès du policier de Lavaltrie accusé d'agression armée s'est ouvert jeudi au palais de justice de Joliette

JUSTICE. Une simple balade matinale en voiture pour aller reconduire sa fille à la garderie, à Lanoraie, aurait tourné au cauchemar pour un père de famille qui affirme avoir été rué d'une vingtaine de coups de bâton télescopique « avec une force excessive » par un policier de la Sûreté du Québec qui venait de l'intercepter.

« C'était de bons coups de bâton », a relaté Alexandre Hébert, un père de famille de Lanaudière âgé de 34 ans, lors de son témoignage, jeudi, au procès du policier qui l'aurait agressé.

Alexandre Hébert affirme avoir été sauvagement battu par l'agent de la Sûreté du Québec Guillaume Saint-Louis, 35 ans de Lavaltrie, qui est accusé d'agression armée, de voies de fait ayant causé des lésions corporelles et d'usage négligent d'une arme prohibée, soit un bâton télescopique. 

Guillaume Saint-Louis, accusé.

« Bien relaxe »

Le 9 décembre 2014, Alexandre Hébert, qui se trouvait depuis peu en arrêt de travail pour épuisement professionnel, allait reconduire sa petite fille de 11 mois à la garderie.

« J'avais passé une bonne nuit. J'étais bien relaxe. J'étais habillé en mou », a-t-il dit.

Sur le chemin, il affirme avoir croisé une autopatrouille.

Alexandre Hébert a mentionné dans son témoignage l'avoir vu faire demi-tour, mais ne pas en avoir fait de cas, croyant que l'autopatrouille faisait cette manœuvre parce que le policier avait été appelé sur une intervention.

« J'ai vu les gyrophares, mais j'ai continué mon chemin, pensant que ce n'était pas pour moi », a-t-il dit.

Immobilisé brusquement

Ce n'est que lorsque le policier a fait retentir son klaxon qu'il dit s'être immobilisé et avoir compris que le policier l'interceptait.

« Je me suis immobilisé brusquement. J'étais surpris. J'ai sorti ma tête de la vitre et demandé à l'agent : "Pourquoi vous m'arrêtez ? D'après moi, je n'ai fait aucune infraction au Code de la sécurité routière" », a-t-il témoigné.

Selon Alexandre Hébert, le policier, Guillaume Saint-Louis, lui aurait répondu sur un « ton autoritaire » qu'il l'arrêtait en raison des vitres teintées de son Acura grise.

« Il m'a demandé mes papiers. J'ai vérifié et je ne les avais pas. Sur un ton sec, il m'a dit : " En plus tu n'as pas tes papiers"», a-t-il dit.

Escalade

C'est alors que le policier Saint-Louis lui aurait demandé de sortir de son véhicule et que la situation aurait escaladé rapidement.

En se détachant pour sortir de la voiture, Alexandre Hébert affirme avoir dit : « Ayoye ! C'est fou!  ».

Selon lui, le policier lui aurait aussitôt répliqué : « Heille! Tu m'as envoyé chier ».

Alexandre Hébert affirme être sorti de peine et de misère du véhicule parce que, selon son témoignage, le policier ne lui aurait pratiquement pas laissé d'espace pour le faire. Il n'est d'ailleurs pas certain si leurs poitrines respectives ne se sont pas frôlées.

« À ce moment, je me sentais intimidé. Je ne voulais pas entrer en conflit avec le policier, alors j'ai reculé pour qu'on n'entre pas dans la bulle l'un de l'autre », a-t-il dit.

« Par la suite il m'a demandé d'enlever mes lunettes. Moi, je me demandais où ça allait tout ça […] Il me l'a demandé une deuxième fois et il me les a enlevées de force avec ses mains d'une façon agressive et autoritaire », a relaté Alexandre Hébert.

Le policier l'aurait alors informé qu'il comptait le mettre en état d'arrestation.

« J'ai dit : " C'est une joke! C'est quoi qui se passe à matin! », a-t-il dit.

Aspergé de poivre de Cayenne

Alexandre Hébert aurait reculé puis se serait tourné afin de vérifier s'il y avait des témoins de la scène.

En se tournant à nouveau vers le policier, il affirme avoir vu le policier sortir son bâton télescopique avant d'être aspergé de poivre de Cayenne dans l'œil droit. Sans raison, jure-t-il.

« J'ai commencé à sacrer et à lui dire : "Imbécile! Voyons donc faire ça à un père de famille! Je vais coopérer! », a-t-il dit.

« Là j'étais moins "zen" et je l'ai traité de sans-dessein. Je ne le trouvais pas intelligent dans la situation d'avoir fait ça », a-t-il précisé en contre-interrogatoire.

Rué de coups

Alexandre Hébert affirme que le policier lui a ordonné de mettre ses mains sur le ‘hood’ et qu'il allait obtempérer, mais qu'il n'a jamais eu le temps de le faire. Le policier aurait plutôt commencé à le frapper dans les jambes avec son bâton télescopique.

« J'ai eu cinq à dix coups aux tibias, aux mollets, aux genoux. Je suis finalement tombé à terre devant lui. La force était excessive », a-t-il dit.

Alexandre Hébert affirme avoir alors empoigné le bâton pour ‘que les coups cessent’.

« Je lui ai demandé d'arrêter. Je lui disais que ma fille était dans l'auto. C'est là qu'il m'a dit : tu commets une entrave à un agent de la paix », a-t-il dit.

Alexandre Hébert aurait été  « saisi » par l'affirmation du policier et aurait lâché prise.

Selon lui, le policier aurait continué à le rouer de coups. Il aurait reçu cinq à dix coups au haut du corps.

La douleur aurait été si vive, qu'il affirme s'être écroulé au sol de douleur au même moment où le policier lui aurait ordonné de se coucher au sol.

Une fois au sol, le policier l'aurait frappé à trois reprises sur la tête.

« Je saignais abondamment », a-t-il dit.

Alexandre Hébert affirme avoir eu plusieurs contusions à la tête, aux jambes et au haut du corps.

Alexandre Hébert affirme avoir eu le doigt cassé à la suite de l'intervention et avoir subi deux opérations.

©Photo tirée de la preuve déposée.

Alexandre Hébert affirme avoir eu plusieurs contusions à la tête, aux jambes et au haut du corps.

Plusieurs contusions

Des photos déposées en preuve de l'habillement qu'il portait cette journée-là montrent plusieurs traces de sang dans la cagoule de son chandail.

D'autres photos prises le jour même ou dans les jours qui ont suivi l'évènement montrent des contusions à la tête et aux jambes.

Alexandre Hébert affirme aussi s'être fait casser un doigt pour lequel il dit avoir subi deux opérations.

« Dix sur dix »

Selon un témoin d'une partie de la scène, Yannick Durand, un voisin qui rentrait chez lui ce matin-là, la force déployée par le policier lorsqu'il aurait asséné deux coups en direction de la tête d'Alexandre Hébert était de « dix sur dix sur une échelle d'un à dix ».

Quand Yannick Durand a circulé lentement en voiture pour contourner la scène, Alexandre Hébert était étalé au sol et le policier  « avait un genou dans le dos de la victime [alléguée] » et était en train de le menotter.

Selon lui, Alexandre Hébert ne semblait pas vouloir se faire menotter et aurait refusé de se lever sous l'ordre du policier.

Le policier l'aurait alors aidé à se lever et l'aurait assis à l'arrière dans l'autopatrouille, où, selon Alexandre Hébert, ils ont eu des échanges peu glorieux.  Deux autres policiers seraient arrivés sur les lieux, dont l'un qui se serait occupé de reconduire la fille d'Alexandre Hébert, qui aurait par la suite été conduit au poste de police.

En questionnement

Alexandre Hébert affirme que malgré ses paroles parfois injurieuses, il n'a jamais été agressif lors de l'intervention. Il affirme qu'il se questionnait plutôt sur ce qui se passait et avoir eu peur.

« Je n'étais agressif. Tout le long, je me questionnais », a-t-il dit.

Quelques heures après être sorti du poste de police, il affirme avoir dû se rendre à l'hôpital parce qu'il avait mal à la tête.

Il aurait commencé à ressentir une douleur lorsqu'il se trouvait sur les lieux de l'évènement parce qu'il voulait aller trouver des témoins ce qui s'était passé.

Accusé puis acquitté

Alexandre Hébert a été accusé d'entrave à un agent de la paix, de voies de fait contre un agent de la paix et d'avoir proféré des menaces à la suite de cet évènement, mais il a été acquitté de chacune d'elles.

Il fait actuellement face à des accusations de conduite avec les facultés affaiblies en lien avec un évènement qui serait survenu l'été dernier.

Guillaume Saint-Louis est suspendu avec solde depuis juin 2015 par son employeur.

Son procès doit se poursuivre vendredi, au palais de justice de Joliette.

 

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