Carrières dans votre région Avis de décèsÉdition Électronique Rabaischocs.com

Recherche

Recherche par terme

Journaliste

Date de parution

_

Catégories

Justice

Retour

21 janvier 2017

Le policier n'aurait pas dû porter de coups à la tête, dit un expert

©Photo TC Media - Geneviève Geoffroy

JUSTICE. Le policier qui aurait rué de plusieurs coups un père de famille après l'avoir intercepté à Lanoraie en décembre 2014 n'avait pas de raisons de craindre pour sa vie et n'aurait, par conséquent, jamais dû le frapper dans une zone aussi vitale que la tête, selon un expert en emploi de la force.

©Photo TC Media - Geneviève Geoffroy

Guillaume Saint-Louis

    Lire aussi: Il affirme avoir été battu « avec une force excessive » par un policier

« Les frappes dans une zone vitale comme la tête devraient être faites lorsque le policier croit que lui ou une autre personne peut faire face à des lésions corporelles graves ou la mort. C'est d'ailleurs ce qui est enseigné à l'École nationale de police du Québec (ÉNPQ) », a affirmé Roger Bujold lors de son interrogatoire.

Roger Bujold a été sergent et maître-instructeur des groupes d'intervention au Service de police de la Ville de Montréal pendant plusieurs années. Retraité depuis septembre 2016, il est instructeur en emploi de la force pour l'École nationale de police du Québec.

Vendredi, il a témoigné à titre d'expert pour la poursuite dans le cadre du procès de Guillaume Saint-Louis, ce policier de la Sûreté du Québec de 35 ans de Lavaltrie accusé d'agression armée envers un père de famille 34 ans.

Escalade

Alexandre Hébert, la victime alléguée du policier Saint-Louis, affirme avoir été battu par l'agent le 9 décembre 2014 et avoir reçu trois coups de bâton télescopique à la tête, dont l'un qui lui aurait cassé un doigt quand il essayait de se protéger.

L'homme de 34 ans a témoigné jeudi, lors du procès du policier, qu'il était en chemin pour aller porter sa fille de 11 mois à la garderie quand il aurait été intercepté par l'agent pour les vitres teintées de son Acura grise.

Selon le témoignage qu'il a livré jeudi en cour, la situation aurait rapidement dégénéré après qu'il eut d'abord « questionné » le policier sur les raisons de son arrestation.

En quelques minutes, il a dit s'être retrouvé au sol après avoir reçu au moins une dizaine de coups de bâton télescopique. Il venait alors, selon son témoignage, de recevoir du poivre de Cayenne dans l'œil droit, sans raison jure-t-il. Après quoi il admet avoir réagi en traitant le policier d'« imbécile » et de « sans-dessein ».

©Photo TC Media - Geneviève Geoffroy

Alexandre Hébert

Pas en danger

Alexandre Hébert affirme s'être retrouvé au sol en position fœtale parce qu'il s'était écroulé de douleur.

Selon ce témoignage, l'expert Roger Bujold estime que l'agent Saint-Louis n'aurait jamais dû frapper Alexandre Hébert à la tête parce qu'il ne se trouvait pas en danger de subir des lésions corporelles graves ni de mourir.

« Un policier face à un sujet qui est au sol en position fœtale, après avoir été aspergé de poivre de Cayenne et frappé avec un bâton télescopique, devrait reprendre sa distance, cesser les frappes et donner des ordres au sujet pour le positionner afin de lui mettre les menottes. Les circonstances décrites par M. Hébert ne permettent pas de justifier en aucun moment l'emploi d'une force potentiellement mortelle », écrit-il dans son rapport produit en preuve et dont TC Media a obtenu copie.  

Selon lui, ces frappes alléguées à la tête sont « inappropriées » et « aucunement conciliables avec les enseignements de l'ÉNPQ ».

Malgré la résistance

Par ailleurs, même si le policier avait été à bout de souffle et qu'Alexandre Hébert n'obéissait pas à ses ordres, semblait insensible à la douleur des frappes aux jambes et qu'il lui était impossible de lui mettre les menottes, comme l'a suggéré l'avocate de l'accusé lors de son contre-interrogatoire, l'expert estime que même dans cette situation, une frappe à la tête aurait été injustifiée.

Selon lui, même si Alexandre Hébert avait offert de la résistance une fois au sol, l'agent ne se serait pas trouvé dans une situation lui faisant craindre de subir des lésions corporelles graves ou la mort.

Selon lui, il aurait alors été « judicieux de cesser les frappes, mettre davantage de poids sur le corps de M. Hébert en utilisant la communication tactique afin d'obtenir la soumission ».

Dans son rapport, l'expert ajoute qu'« il aurait été possible pour l'agent Saint-Louis de se désengager, reprendre une distance sécuritaire et demander du renfort ».

Meilleure communication

Par ailleurs, l'expert suggère que l'agent Saint-Louis aurait pu effectuer à divers moments un repli stratégique, soit d'augmenter la distance entre lui et le contrevenant, donner des ordres clairs et demander du renfort pour « désescalader » (sic) la situation.

Aussi, selon ce qu'il a dit en contre-interrogatoire, même si l'agent Saint-Louis faisait face à une « situation tendue et difficile » dès le moment de l'interception parce que le père de famille offrait de la résistance verbale, il estime qu'une communication plus efficace de la part du policier dès le début de l'intervention aurait peut-être pu éviter l'utilisation de la force après qu'Alexandre Hébert soit sorti du véhicule.

Le procès de Guillaume Saint-Louis doit se poursuivre le 1er février. Il devrait alors témoigner.

 

Commentaires

Inscrivez votre commentaire

Politique d'utilisation Politique de confidentialité

Agence Web - Caméléon Média