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12 octobre 2017

Le policier avait des « craintes raisonnables » pour sa sécurité quand il a frappé à la tête, selon un expert

©Photo TC Media - Geneviève Geoffroy

JUSTICE. Le policier de la Sûreté du Québec  avait des « craintes raisonnables » de subir des lésions corporelles quand il a frappé avec un bâton télescopique à la tête du père de famille qu'il venait d'intercepter pour des vitres teintées, a témoigné un expert en emploi de la force policière, jeudi, à son procès.

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Selon ce policier et ancien instructeur de police, il est interdit aux agents d'utiliser une force pouvant créer des lésions corporelles ou la mort, comme un coup à la tête, sauf s'ils se sentent eux-mêmes face à un tel danger.

« Dans ce cas-ci, compte tenu de la fatigue du policier, de la tentative de le désarmer, il y avait des craintes raisonnables d'envisager des lésions corporelles », a mentionné Martin Blanchette au procès de Guillaume St-Louis.  

En début de matinée, le 9 décembre 2014, l'agent Guillaume St-Louis de la Sûreté du Québec a intercepté Alexandre Hébert à Lanoraie pour les vitres teintées de l'Acura grise qu'il conduisait pour aller porter sa fille de 11 mois à la garderie. L'interception a rapidement dégénéré en lutte entre lui et le conducteur.

L'agent de police de 35 ans se défend maintenant de trois accusations: agression armée, voies de fait ayant causé des lésions corporelles et usage négligent d'une arme prohibée, soit un bâton télescopique envers Alexandre Hébert.

Pas sauté d'étapes

Selon l'expert de la défense, l'accusé aurait, lors de son intervention, « utilisé le continuum de force sans sauter d'étapes » lorsqu'il a intercepté et arrêté Alexandre Hébert.

L'agent St-Louis aurait d'abord demandé les papiers au conducteur qui lui aurait répondu ne pas les avoir sur lui. Il lui aurait demandé de sortir du véhicule et aurait fait face à de la résistance verbale jusqu'à ce que l'individu sorte.

Il aurait alors été poussé par le conducteur, assez pour être déséquilibré.

Selon l'expert, l'agent St-Louis aurait alors fait face non plus à de la résistance, mais à une « agression physique ».  

Lunettes soleil

L'agent St-Louis aurait ensuite demandé à Alexandre Hébert de retirer ses lunettes de soleil pour pouvoir l'identifier, mais il aurait essuyé un refus. Il aurait alors tenté de les lui enlever. Questionné sur ce geste, l'expert a admis qu'il n'utiliserait probablement pas cette technique lors d'une intervention.

« Quant à moi, je crois que c'est une action qui est de bonne foi, mais je pense que c'est une action qui peut provoquer de l'animosité », a-t-il dit.

L'agent St-Louis aurait par la suite demandé à Alexandre Hébert de mettre ses mains sur la voiture, mais il n'aurait pas obtenu de réponse. Le père de famille aurait plutôt avancé vers lui les poings et la mâchoire serrés, lui faisant craindre pour sa sécurité.

Il l'aurait alors aspergé de trois jets de poivre de Cayenne et l'aurait atteint au visage. Le poivre de Cayenne aurait surpris Alexandre Hébert, mais n'aurait pas eu d'effets sur lui, selon la version que l'accusé avait donnée lors de son témoignage, en février.

Conforme

Pour l'expert, l'utilisation du poivre de Cayenne à ce moment de l'intervention est conforme aux enseignements policiers s'il prend en compte la version de Guillaume St-Louis.

« En vertu de la situation et des armes disponibles, c'était l'arme au plus faible niveau de force », a-t-il dit.

Puis, l'agent St-Louis aurait répété au conducteur de mettre ses mains sur la voiture pour qu'il puisse procéder à son arrestation, mais il n'aurait jamais obtempéré et se serait plutôt encore avancé vers lui.

C'est alors qu'il aurait sorti son bâton télescopique pour avoir un effet dissuasif et de recul. Or, Alexandre Hébert aurait continué d'avancer vers lui. L'agent lui aurait donné deux coups aux cuisses, une zone où la douleur est, selon l'expert, parmi les plus faibles ressenties et permise selon les enseignements policiers.

Lutte au sol

Les deux hommes se seraient par la suite retrouvés au sol après qu'Alexandre Hébert aurait eu tenté de retirer le bâton télescopique des mains de l'agent St-Louis.

L'agent St-Louis aurait alors fait face à de la résistance active et Alexandre Hébert aurait tenté de le déséquilibrer. Il aurait alors frappé aux tibias, mais n'aurait pas eu de réaction. Il aurait alors commencé à ressentir de la fatigue. L'agent St-Louis aurait voulu menotter Alexandre Hébert et aurait frappé à la tête.  

Théorie du « crash »

Selon l'expert, la fatigue ressentie par le policier à ce moment constitue un facteur qu'il ne faut pas négliger.

« L'agent St-Louis a dit qu'il sentait en train de perdre. Pour un policier, ça signifie que sa vie est en danger. Ce qu'il dit par là, c'est que ses muscles sont à la limite de ce qu'ils peuvent fournir comme effort », a estimé l'expert.

Selon lui, l'agent St-Louis a vécu la « théorie du crash ».

« Une force physique utilisée à son maximum va tranquillement diminuer et au bout, c'est le crash. On devient complètement inefficace », a-t-il expliqué.

Il a ajouté que, même si le repositionnement peut être une option, comme se relever par exemple, celui-ci se serait difficilement appliqué à la situation vécue par l'agent de police puisque « ça aurait pu redonner à Alexandre Hébert des considérations tactiques », alors que Guillaume St-Louis faisait face à la fatigue et que les renforts n'étaient pas encore arrivés.

Alexandre Hébert a été accusé d'entrave à un agent de la paix, de voies de fait contre un agent de la paix et d'avoir proféré des menaces à la suite de cet évènement, mais il a été acquitté de chacune d'elles.

Guillaume Saint-Louis est suspendu avec solde depuis juin 2015 par son employeur. Son procès s doit se clore vendredi avec les plaidoiries des parties.

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