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21 juin 2017

« Outrée » et « déçue » de la sentence imposée au chauffard qui a fauché la vie de son mari

Le chauffeur a été arrêté avec plus de deux fois la limite permise d'alcool

©Photo TC Media - Archives

JUSTICE.  Une policière dit avoir reçu comme un « coup de canon dans le ventre » le 6 mars 2015 quand son mari est mort presque sur le coup après avoir été percuté par un chauffeur ivre, à Lanoraie. La douleur, dit-elle, est toujours aussi vive et la sentence de 54 mois imposée au conducteur, mardi, n'apaise en rien sa peine, mais attise plutôt son sentiment d'injustice.

Lire aussi: « C'était comme un coup de canon dans le ventre »

« Je suis déçue et outrée parce que je sais que ce n'est pas 54 mois qu'il va faire en raison d'une libération conditionnelle possible », affirme Isabelle Sirois, 55 ans.

La policière au Service de police de la Ville de Montréal, actuellement en arrêt de travail, estime que la sentence imposée à Pierre Durand, 63 ans de Lavaltrie, pour avoir pris la vie de son mari, Marc Dulude, est « ridicule » et « n'a pas de bon sens ».

Bière et alcool fort

Le 6 mars 2015, Pierre Durand, a bu de l'alcool fort et de la bière à son travail.

Il a pris le volant de son Ford Ranger gris sous l'effet de l'alcool et, vers 16 h 30, il a frappé avec sa camionnette Marc Dulude qui marchait le long de la route 138 à Lanoraie.

Sous la force de l'impact, Marc Dulude a été projeté dans le fossé et il est décédé presque immédiatement.

©Photo - gracieuseté

Marc Dulude.

Alors âgé de 51 ans, Marc Dulude avait pris sa retraite du Service de police de la Ville de Montréal six mois plus tôt et il avait pris l'habitude de sortir se promener à pied plusieurs fois par semaine pour se mettre en forme.

Insensé

Pour Isabelle Sirois, il est insensé que son mari soit décédé de cette façon.

« Je terminais mon quart de travail quand mes collègues m'ont dit de venir avec eux dans le local près de mon bureau. Ils m'ont dit que mon mari était décédé. Je leur ai dit: "Ça ne se peut pas, a-t-elle témoigné dans une lettre lue devant le tribunal. Ça fait six mois qu'il est retraité, qu'il a risqué sa vie 30 ans dans la police et que tout ce qu'il fait, c'est de prendre des marches. Ce n'est pas dangereux prendre une marche ».

Plus du double

Arrêté presque aussitôt, des analyses d'haleine réalisées après le drame ont montré que Pierre Durand avait un taux d'alcoolémie de 187 mg/100 ml de sang, soit 107 mg/100 ml de plus que la limite permise.

Interrogé par un policier, il a dit avoir été ébloui par le soleil et n'avoir jamais vu Marc Dulude marcher sur le bord de la route. Une reconstitution de la scène a permis de conclure qu'aucun autre facteur que le facteur humain n'est à considérer dans cette collision.

« Vous êtes le seul responsable. Vous avez décidé de prendre de l'alcool et de conduire », a adressé le juge François Landry à Pierre Durand avant de l'envoyer au pénitencier.

Déçue

Au sortir de la salle de cour, après le prononcé de la sentence, impossible pour Isabelle Sirois de ressentir le moindre soulagement tellement elle se disait déçue. La salle était pourtant bondée d'amis, de membres de la famille et de collègues de travail présents pour la soutenir.

Son fils, François Dulude, affirmait lui aussi être « un peu en colère » parce qu'il croit que « la peine est légère par rapport à sa gravité ».

©Photo TC Media - Geneviève Geoffroy

François Dulude.

Délais jugés trop longs

Tous les deux en ont surtout après le délai de 27 mois séparant le drame de celui de la sentence du fautif.

« C'est ça qui a été le plus difficile, attendre après les reports », nous a confié François Dulude.

« On attend cinq minutes au comptoir des viandes froides à l'épicerie pour se faire servir et on trouve ça long. Imaginez avoir attendu [plus de deux ans] », a notamment illustré Isabelle Sirois, dans sa lettre lue devant le tribunal.

Pas adapté aux victimes

Selon elle, le système de justice n'est pas du tout adapté aux familles endeuillées des victimes.

« Encore ce matin, c'est comme si j'allais encore aux funérailles de mon mari. C'était la même douleur en dedans de moi », a-t-elle dit en entrevue avec TC Media.  

Selon Isabelle Sirois, les tribunaux mettent davantage l'emphase sur les accusés que sur les victimes.

« Les tribunaux ne nous assistent pas autant que je l'aurais espéré », a-t-elle ajouté.

Sentiment de trahison

Dans la lettre lue devant la cour, elle a par exemple pesté contre le système de justice qui a permis la remise en liberté de Pierre Durand à la suite de son arrestation avant même que son mari ne soit enterré. Elle a aussi reproché au tribunal de l'avoir relâché alors qu'il avait un antécédent en semblable matière survenu en 1989.

« Vous n'avez pas idée de la colère que j'ai ressentie, a-t-elle dit. J'ai ressenti cela comme de la haute trahison envers mon mari. »

Apporter son aide

Quand elle sera prête à retourner travailler, Isabelle Sirois aimerait agir pour les victimes d'actes criminels.

« Je sens que j'ai encore quelque chose à faire là-dedans », indique-t-elle.

Elle nous a confié qu'elle a déjà fait des demandes à ses supérieurs du Service de police de la Ville de Montréal pour l'amélioration des mesures d'aides aux victimes.

Elle aimerait aussi s'impliquer auprès de MADD (Mères contre l'alcool au volant) afin d'apporter son soutien à des proches de victimes de l'alcool au volant comme l'a été son mari.

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