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08 décembre 2017

Le policier de Lavaltrie trouvé coupable de voies de fait envers un père de famille

©Photo TC Media - Geneviève Geoffroy

JUSTICE. Le policier de Lavaltrie ayant subi un procès pour avoir rué de coups et blessé un père de famille avec son bâton télescopique en décembre 2014 à Lanoraie a utilisé une force excessive envers lui, selon le juge qui l'a trouvé coupable, le 8 décembre, de voies de fait causant des lésions corporelles.

Guillaume St-Louis, 36 ans, policier à la Sûreté du Québec, se défendait d'avoir agi par légitime défense et avoir eu affaire à un homme agressif et arrogant. Or, le juge Carol Richer ne l'a pas cru.

« L'utilisation du bâton télescopique et surtout la manière dont l'accusé l'a utilisé constituent une force excessive [...] L'accusé n'a pas agi de façon raisonnable dans les circonstances », a conclu le magistrat.

Le 9 décembre 2014, vers 9h30, Alexandre Hébert allait reconduire sa petite fille de 11 mois à la garderie quand Guillaume St-Louis l'a intercepté pour les vitres teintées de son Acura grise en plein cœur d'un quartier résidentiel. L'interception a rapidement dégénérée.

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Contraire aux enseignements

Dès le premier contact avec Alexandre Hébert, a estimé le juge, Guillaume St-Louis a dérogé aux enseignements policiers en lui demandant de sortir de sa voiture et d'enlever ses lunettes fumées pour l'identifier parce qu'il n'avait pas ses papiers sur lui, plutôt que de lui demander son nom ou son adresse ou de faire des recherches sur la plaque d'immatriculation du véhicule qu'il conduisait.

Quand Alexandre Hébert est sorti du véhicule, les deux hommes se sont accidentellement touché poitrine contre poitrine et ce dernier se serait alors senti intimidé et provoqué.

Puis, Guillaume St-Louis, a poursuivi le juge, a une fois de plus dérogé aux enseignements policiers en enlevant les lunettes d'Alexandre Hébert sans son consentement.

Selon lui, le comportement du policier, jusqu'à ce moment, était « autoritaire, voire intimidant », pour un père de famille sans ses papiers allant reconduire sa fille à la garderie et se faisant intercepter pour des vitres teintées.

Lésions à la tête

Après une altercation verbale, Guillaume St-Louis a aspergé Alexandre Hébert de poivre de Cayenne, avant de lui asséner plusieurs coups de bâton télescopiques. Deux coups sont survenus à la tête alors qu'ils luttaient au sol.

Selon un rapport médical, Alexandre Hébert a subi différentes blessures à la suite de cette altercation, dont deux plaies au cuir chevelu d'un centimètre et de trois centimètres, une au tibia et une fracture à l'index gauche.

Pas compatible

Selon le juge, ces blessures ne sont pas compatibles avec la version de Guillaume St-Louis dans laquelle il avait mentionné avoir donné un premier coup sans beaucoup de force à la tête d'Alexandre Hébert pour faire diversion afin d'amener sa main dans son dos dans le but de le menotter. Il avait dit en contre-interrogatoire que le bâton aurait pu le frapper une seconde fois alors qu'il tentait d'empoigner la main d'Alexandre Hébert avec sa propre main qui empoignait le bâton.

La version du policier est aussi contredite, a ajouté le juge, par le témoignage d'un voisin ayant affirmé l'avoir vu  donner deux coups successifs d'une force de 10 sur une échelle de 10 en direction de la personne étendue au sol en avant d'une Acura grise « qui se faisait aller les mains ».  C'est d'ailleurs quant à l'utilisation du bâton télescopique que la version de Guillaume St-Louis a le plus été « mise à mal », a relevé le magistrat.

Étonné

Le juge s'est par ailleurs dit  étonné  de la version de Guillaume St-Louis selon laquelle Alexandre Hébert n'avait pas eu de réaction après avoir été aspergé de poivre de Cayenne, alors que les symptômes décrits par ce dernier lors de son témoignage sont compatibles avec ceux normalement ressentis, selon l'expert en emploi de la force de la défense.

« Tout aussi étonnant semble l'absence de réaction à la douleur chez le plaignant que dit constater l'accusé lorsqu'il donnait des coups de bâton télescopique », a-t-il ajouté, relevant que l'accusé lui-même a affirmé avoir donné des coups d'une grande force aux jambes.

Chercher à minimiser

Le magistrat a ajouté que Guillaume St-Louis a aussi cherché à minimiser l'impact de son intervention auprès d'Alexandre Hébert en déclarant que ce dernier pouvait se déplacer sans difficulté après qu'elle se soit terminée et qu'il n'y avait rien de particulier dans sa démarche.

« Pourtant, le beau-frère du plaignant qui est allé le chercher, suite à son appel, mentionne que ce dernier, lorsqu'il l'a aperçu, boitait; il a constaté cet état de fait avant de prendre des photographies des blessures », a soulevé le juge.

Guillaume St-Louis était aussi accusé d'utilisation négligente d'une arme prohibée, mais il a été acquitté de cette accusation, tandis qu'un arrêt conditionnel a été prononcé à l'endroit de l'accusation d'agression armée qui pesait aussi contre lui.

Suspendu avec solde

Guillaume St-Louis a été suspendu avec solde en juin 2015 par la Sûreté du Québec et il l'était toujours le jour du jugement rendu contre lui, selon des vérifications faites par le Journal L'Action.

Il doit revenir devant le tribunal en février, moment où devraient avoir lieu les représentations sur sentence.

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