Carrières dans votre région Avis de décèsÉdition Électronique Rabaischocs.com

Recherche

Recherche par terme

Journaliste

Date de parution

_

Catégories

Justice

Retour

01 février 2017

Le policier dit avoir eu affaire à un individu arrogant et agressif

©Photo TC Media - Geneviève Geoffroy

JUSTICE. Le policier de la Sûreté du Québec accusé d'agression armée envers un père de famille affirme avoir dû composer pendant une dizaine de minutes avec un individu arrogant et agressif qui l'a injurié, poussé puis mené au bout de ses forces parce qu'il résistait rudement à son arrestation.

    Lire aussi: Il affirme avoir été battu « avec une force excessive » par un policier

    Lire aussi: Le policier n'aurait pas dû porter de coups à la tête, dit un expert

Guillaume Saint-Louis, 35 ans, de Lanoraie, est accusé d'agression armée, de voies de fait ayant causé des lésions corporelles et d'usage négligent d'une arme prohibée, soit un bâton télescopique envers Alexandre Hébert, un père de famille de 34 ans.   

Il s'est défendu de ces accusations devant la cour mercredi, lors de la troisième journée de son procès, au palais de justice de Joliette.

Contradictoire

Il a alors offert un témoignage très contradictoire de celui de sa victime alléguée dans lequel il a mentionné que dès le début de son intervention, il a eu affaire à un individu arrogant et agressif.

En matinée du 9 décembre 2014, il affirme avoir croisé la route de sa victime alléguée, Alexandre Hébert, dans une rue résidentielle de Lanoraie.

Selon lui, les vitres du véhicule d'Alexandre Hébert, alors en route pour aller reconduire sa fillette de 11 mois à la garderie, étaient si foncées qu'il n'était pas en mesure de discerner si c'était un homme ou une femme qui conduisait le véhicule.

Il a alors fait demi-tour pour l'intercepter, mais, selon son témoignage, ce n'est qu'après avoir allumé ses gyrophares et enclenché deux séries de coups de klaxon que le véhicule s'est immobilisé.

Arrogant

Guillaume Saint-Louis a mentionné à la cour ne pas avoir eu le temps d'aviser Alexandre Hébert pourquoi il l'interceptait, que celui-ci l'attendait la vitre baissée et l'a tout de suite interpellé.

« Il m'a dit sur un ton arrogant: "Qu'est-ce que tu veux toé ? Je ne roulais pas vite, j'ai fait mes stops, je n'ai pas affaire à toi, moi, je m'en vais d'icitte" », a relaté le policier.

Guillaume Saint-Louis affirme avoir avisé Alexandre Hébert de ne pas quitter et qu'il l'interceptait pour des vitres teintées, mais qu'il s'est mis en colère.

Alexandre Hébert l'aurait alors insulté et l'aurait traité de « con ».

Le policier lui aurait demandé ses papiers, mais Alexandre Hébert ne les avait pas sur lui. Contrairement à ce que ce dernier avait mentionné lors de son témoignage, il n'aurait jamais, selon Guillaume Saint-Louis, vérifié dans sa poche arrière.

Guillaume Saint affirme qu'à ce moment, il craignait qu'Alexandre Hébert quitte les lieux. Il lui aurait alors demandé de sortir du véhicule pour procéder à son identification et éviter une fuite potentielle.

Injures et coup de poitrine

Alexandre Hébert l'aurait alors injurié.

« Il m'a dit: "Vas chier, je ne sors pas de mon char" », a relaté le policier devant le tribunal.

Puis, Alexandre Hébert serait sorti du véhicule « d'un coup », serait entré en contact avec le policier en lui donnait un coup de poitrine et aurait avancé vers lui.

 « À ce moment, j'ai mis ma main [sur sa poitrine] et j'ai reculé pour mettre de la distance entre nous », a-t-il décrit.

Par la suite, Guillaume Saint-Louis affirme avoir voulu « initier le geste » et avoir posé sa main sur la monture des lunettes d'Alexandre Hébert pour voir son visage, mais que ce dernier l'aurait poussé assez fort pour qu'il perde l'équilibre.

« Je l'ai alors avisé qu'il était en état d'arrestation pour voies de fait sur un agent de la paix », a-t-il dit.

Pas une seconde

À partir de ce moment, Guillaume Saint-Louis affirme que les quelques minutes suivantes, environ cinq selon lui, se sont déroulées très rapidement et ne pas avoir eu une seconde de répit pour prendre son micro et demander du renfort.

Il aurait demandé à Alexandre Hébert de mettre ses mains sur la voiture, mais il n'aurait pas obtenu de réponse. Selon son témoignage, le père de famille avançait vers lui les poings et la mâchoire serrés, lui faisant craindre pour sa sécurité.

Il l'aurait alors aspergé de trois jets de poivre de Cayenne et l'aurait atteint au visage.

Lors de son interrogatoire, il affirme avoir pris ce moyen pour « avoir du temps et éviter une bataille ».

Selon Guillaume Saint-Louis, le poivre de Cayenne aurait surpris Alexandre Hébert, mais n'aurait pas eu d'effets sur lui. Il lui aurait répété de mettre ses mains sur la voiture pour qu'il puisse procéder à son arrestation, mais Alexandre Hébert n'aurait jamais obtempéré et se serait plutôt encore avancé vers lui.

Il affirme avoir alors sorti son bâton télescopique parce qu'il espérait avoir un effet dissuasif et de recul. Or, Alexandre Hébert aurait continué d'avancer vers lui.

Une lutte

Guillaume Saint-Louis affirme lui avoir donné deux coups aux cuisses tout en lui criant de se coucher au sol. Au troisième coup, Alexandre Hébert aurait saisi le bâton du policier et aurait tenté de lui enlever.

Une lutte aurait alors eu lieu entre les deux hommes, tous deux de bon gabarit.

Guillaume Saint-Louis affirme avoir alors eu peur à sa sécurité s'il perdait son bâton aux mains de l'individu. Alexandre Hébert serait tombé au sol après que le policier eut tenté de lui faire perdre l'équilibre et il aurait entraîné Guillaume Saint-Louis avec lui dans sa chute.

« C'est un peu un rodéo », a-t-il dit pour illustrer en partie la scène.

Il aurait demandé à plusieurs reprises à Alexandre Hébert de mettre ses mains dans son dos, mais il n'aurait eu aucune collaboration de sa part. Il l'aurait par la suite menacé de le frapper s'il n'obtempérait pas, mais Alexandre Hébert n'aurait pas plus coopéré.

Guillaume Saint-Louis aurait alors donné deux coups aux jambes.

« Moi, ce que je veux, c'est une soumission, mais il ne semble pas réagir à la douleur […] dans ma tête, je me dis qu'il faut que ça arrête. Je ne veux pas que ça continue », a-t-il témoigné.

Il aurait alors donné un coup dans un des tibias d'Alexandre Hébert, mais, une fois de plus, il n'aurait pas obtenu la soumission qu'il recherchait.

Fatigué

Il affirme avoir par la suite eu peur qu'Alexandre Hébert se dégage de sa prise en raison de sa fatigue.

Il affirme alors avoir vu la tête d'Alexandre Hébert et avoir pensé que ce dernier aurait le réflexe de se protéger et de « monter sa main » pour se protéger. Il dit qu'il cherchait alors justement à accéder à la main droite d'Alexandre Hébert pour pouvoir le menotter et l'avoir frappé d'un coup à la tête.

Il n'aurait pas réussi à attraper immédiatement la main d'Alexandre Hébert. Il aurait tenté de la récupérer avec sa main droite, qui tenait le bâton télescopique.

Il a affirmé qu'il ne savait pas si à ce moment, son bâton télescopique avait frappé une seconde fois la tête d'Alexandre Hébert.

« Mon bâton, où il va? Est-ce qu'il reçoit un coup à la tête, à l'épaule? Je n’en ai aucune idée. Moi, je focusse sur la main pour lui mettre les menottes », a-t-il dit.

Lors de son témoignage, Alexandre Hébert avait pourtant affirmé qu'une fois au sol, le policier l'aurait frappé à trois reprises sur la tête.

Soumission

Selon Guillaume Saint-Louis, ce n'est que lorsqu'il a réussi à agripper la main droite d'Alexandre Hébert que ce dernier se serait soumis.

Par ailleurs, selon lui, Alexandre Hébert aurait continué à agir de façon arrogante envers lui jusqu'à sa sortie du poste de police.

Il aurait même menacé Guillaume Saint-Louis de lui « péter la yeule » quand il se trouvait dans l'autopatrouille.

Selon lui, Alexandre Hébert ne se serait jamais plaint de ses blessures et n'aurait jamais demandé d'aide médicale.

Pas question de se désengager

Questionné à savoir s'il avait pensé à se désengager de l'altercation avec Alexandre Hébert à un moment ou à un autre, Guillaume Saint-Louis a répondu que tout s'était déroulé rapidement, surtout une fois au sol.

« Avec le poivre de Cayenne, je voulais gagner du temps et de la distance et le bâton télescopique n'a pas eu d'effet dissuasif. Une fois au sol, il n'a pas été question de me désengager. Moi, je m'épuisais et pas lui et s'il  réussissait à se dégager, je n'avais pas la force de faire face », a-t-il dit.

Alexandre Hébert a été accusé d'entrave à un agent de la paix, de voies de fait contre un agent de la paix et d'avoir proféré des menaces à la suite de cet évènement, mais il a été acquitté de chacune d'elles.

Il fait actuellement face à des accusations de conduite avec les facultés affaiblies en lien avec un évènement qui serait survenu l'été dernier.

Guillaume Saint-Louis est suspendu avec solde depuis juin 2015 par son employeur.

Commentaires

Inscrivez votre commentaire

Politique d'utilisation Politique de confidentialité

Agence Web - Caméléon Média