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04 avril 2023

Élise Brouillette - ebrouillette@medialo.ca

Le fléau de la revente de billets atteint Joliette

Spectacles

Jean-Sébastien Martin, Stéphanie Coutu-Blais

©Photo Élise Brouillette - L'Action d'Autray

Stéphanie Blais-Coutu et Jean-Sébastien Martin invitent leurs clients à demeurer vigilants.

Si la problématique de la revente de billets semblait, pendant un certain temps, circonscrite aux spectacles d’artistes internationaux qui ont lieu en ville, la situation a pris une ampleur tout autre et s’est propagée aux diffuseurs régionaux tels que le Centre culturel Desjardins (CCD).

En entrevue avec L’Action, le directeur général du CCD, Jean-Sébastien Martin, et la responsable de la billetterie, Stéphanie Blais-Coutu, expliquent que toutes les salles de spectacles sont maintenant aux prises avec ce fléau. La situation les préoccupait depuis quelques mois, mais encore plus au cours des dernières semaines.

La revente des billets par des plateformes virtuelles engendre de sérieux problèmes, dont le fait que les clients paient beaucoup plus cher, parfois même le double ou le triple, pour assister aux spectacles.

À titre d’exemple, une recherche rapide effectuée par L’Action a démontré qu’une plateforme de revente très populaire proposait des billets pour le spectacle de Boucar Diouf le 25 novembre à Joliette pour des montants allant jusqu’à 119 $, alors que via la billetterie du Centre culturel Desjardins, le billet régulier est de 54 $. Soulignons aussi que le CCD n’utilise pas de tarification dynamique et qu’il affiche des prix fixes peu importe l’emplacement dans la salle, contrairement aux revendeurs.

Jean-Sébastien Martin insiste sur l’importance d’être vigilant, parce que les sites de revente apparaissent souvent en premier lorsqu’on effectue une recherche internet et qu’ils peuvent même utiliser le logo du diffuseur. « Il faut être à l’affut, ce n’est pas parce que c’est le premier lien que c’est le bon! »

Autres problématiques, des sites de revente utilisent l’ancien plan de salle du Centre culturel et certaines rangées qu’ils affichent n’existent même plus à l’heure actuelle. M. Martin et Mme Blais-Coutu soulignent que des revendeurs proposent même des billets pour des spectacles qui sont complets.

Les doublons sont un autre enjeu majeur. Il arrive fréquemment que deux clients (un ayant transigé avec le CCD et un autre avec un revendeur) se présentent avec un billet pour un même siège, ce qui engendre bien entendu de la déception et de la colère chez les clients qui se sont fait flouer. « On essaie d’accommoder tout le monde, mais ce n’est pas toujours possible et nous allons honorer nos clients en premier », explique le directeur général. Actuellement, de telles problématiques surviendraient malheureusement lors de chaque spectacle.

Les recours sont minces, tant du côté du diffuseur que du client. Stéphanie Blais-Coutu explique que lorsqu’un client a obtenu un « faux » billet ou payé un montant déraisonnable, il est référé à l’Office de la protection du consommateur. De son côté, le Centre culturel Desjardins remplit chaque fois un formulaire de plainte pour le contentieux de l’ADISQ. « Sans parler aux clients, il est impossible d’identifier les revendeurs », explique Stéphanie Blais-Coutu.

Pour le directeur du CCD, les sites de revente sont des intermédiaires qui ne sont d’aucune utilité. « Ils ne servent ni le client, ni le diffuseur. »

Jean-Sébastien Martin et Stéphanie Blais-Coutu souhaitent lancer un appel à la prudence : « Si vous voulez être certain de payer le juste prix et d’avoir vos places, faites affaire avec la billetterie du diffuseur. » Ils ajoutent que si les clients trouvent sur des sites de revente des billets pour un spectacle qui affiche complet par le Centre culturel Desjardins, il est préférable de joindre le diffuseur pour valider l’information et éviter une déception.

Vide juridique

En entrevue avec L’Action, Eve Paré, directrice générale de l’ADISQ, explique qu’en 2012, le problème de la revente de billets était très présent et que la législation avait alors été modifiée, interdisant toute revente commerciale sans que le producteur ne l’ait autorisée. « Ensuite, il y avait eu une accalmie, mais depuis la pandémie, c’est revenu en force. Le phénomène semble aussi s’être répandu. Tous les reports et les annulations nous ont permis de constater que l’information ne se rendait pas bien au client.» En effet, Mme Paré a expliqué qu’il arrivait régulièrement que des spectateurs se présentent à une mauvaise heure ou représentation, parce qu’ils ne détenaient pas la bonne information en lien avec le billet qu’ils avaient racheté.

Si les plateformes peuvent opérer, c’est qu’elles s’affichent comme étant des billetteries entre consommateurs. « Nous n’avons pas la capacité de prouver que ce n’est pas le cas, même si nous sommes témoins de transactions où des clients se procurent un grand nombre de billets et que ce qui se passe ne ressemble aucunement à de la revente entre particuliers. »

Actuellement, l’ADISQ cumule les plaintes en provenance des producteurs et des salles de spectacles et une enquête est en cours à l’Office de la protection du consommateur (OPC). « Les enquêteurs se sont même rendus sur certains lieux de diffusion. »  Les consommateurs qui se sentent lésés peuvent aussi s’adresser à l’OPC. De son côté, l’ADISQ est en attente des résultats de l’enquête.

Eve Paré appelle la population à une grande vigilance lorsqu’elle effectue une recherche internet. « C’est tellement bien fait que les consommateurs n’ont pas l’impression d’acheter sur une plateforme de revente, mais il faut vraiment se rendre directement sur le site de l’artiste ou de la salle de spectacles. »

La directrice générale souligne que l’ADISQ se préoccupe énormément du fait qu’en cette période d’inflation, des spectateurs paient deux, trois ou quatre fois le prix d’un billet. « La culture est l’un des postes budgétaires qui écopent en premier et les gens ne pourront pas dépenser cet argent qu’ils ont donné en trop pour d’autres productions. »

De son côté, Julie-Anne Richard, directrice générale de l’association Rideau, qui regroupe 170 membres partout au Québec dans le domaine de la diffusion de spectacles, abonde dans le même sens que ses collègues. « Il y a de plus en plus de pratiques qui sont commercialement très agressives. On assiste à une volonté presque assumée de tromper le consommateur. C’est un système très organisé. »

Mme Richard constate aussi que les pratiques s’étendent au-delà de Montréal et elle invite les gens à être prudents. « C’est vraiment un problème auquel il faut s’attaquer, mais au-delà de la sensibilisation, on a peu de poigne pour le faire. On est coincé sur le plan légal. Il y a un vide juridique à ce niveau. Il faudrait une législation plus stricte. Au final, le consommateur paie plus cher et n’a pas de service à la clientèle. Et c’est malheureusement l’image des diffuseurs qui est ternie. »

Julie-Anne Richard souligne que toutes les associations dans le milieu du spectacle oeuvrent conjointement dans ce dossier et elle appelle à la sensibilisation du public, qui semble être l’une des seules armes à l’heure actuelle. « J’espère que nous allons trouver plus tôt que tard comment mettre fin à cette pratique commerciale douteuse. »

La billetterie du Centre culturel Desjardins est accessible au www.spectaclesjoliette.com.

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