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21 mai 2023

Jason Joly - jjoly@medialo.ca

Une promotrice dénonce des délais déraisonnables d’Hydro-Québec

La société d'État peine à répondre aux demandes

Raccordement Hydro-Québec

©Photo gracieuseté - L'Action d'Autray

L’immeuble en construction de Lanoraie fait face à des délais de près d’un an pour être raccordé au réseau électrique.

L’entrepreneure dans le domaine immobilier India Venne œuvre actuellement à la construction d’un bâtiment à Lanoraie qui prévoit accueillir cinq de ses sept locataires dès le 1er juin. Elle se trouve toutefois avec un problème important entre les bras puisque le raccordement de son édifice par Hydro-Québec ne se fera pas d’ici l’arrivée des nouveaux occupants en raison de délais dans le traitement des demandes.

En effet, la société d’État connait des problèmes de main-d’œuvre, qui obligent les promoteurs à se tourner vers d’autres solutions qui leur coûtent parfois très cher. Alors que les travaux vont bon train pour l’immeuble, Mme Venne a envoyé, durant le mois de janvier 2023, sa demande pour le raccordement en électricité auprès d’Hydro-Québec. Ce n’est que récemment que l’entrepreneure de 26 ans a reçu la confirmation que sa demande avait été prise en charge, et ce, après avoir demandé l’aide de la députée de Berthier, Caroline Proulx, et en communiquant quotidiennement avec la société d’État. « C’est dommage de devoir faire pression par courriel ou via le service à la clientèle chaque jour pour avoir un suivi », remarque-t-elle. Depuis ces démarches, la compagnie semble plus réceptive à vouloir accélérer le processus, mais il est toujours impossible pour India Venne de savoir précisément la date de son branchement avec le réseau électrique. Selon les informations qu’elle a reçues, l’attente pourrait s’étendre entre 8 et 16 mois.

Ces délais dans le traitement des demandes s’expliqueraient principalement par le manque de main-d’œuvre. Thaïs Dubé, conseillère - Relations avec le milieu pour Hydro Québec, informe que la compagnie manque de monteurs, de techniciens et d’ingénieurs. Elle souligne que les demandes simples, soit un raccordement sur un réseau déjà présent ou sur un réseau non saturé, sont traitées en quelques jours. « La majorité des demandes sont simples, mais d’autres plus complexes requièrent des travaux d’ingénierie », précise-t-elle en donnant comme exemple l’ajout d’un poteau au raccordement ou lors d’un changement de vocation d’un immeuble. En plus du manque de main-d’œuvre, Hydro-Québec doit composer avec un manque de plusieurs matériaux et équipements comme des transformateurs. « Les entreprises qui construisent ces outils se retrouvent aussi avec des enjeux de main-d’œuvre », indique Mme Dubé. Ainsi, et ce depuis la pandémie, l’entreprise annonce plutôt des délais qui peuvent durer de 12 à 18 mois.

Le raccordement d’India Venne requiert l’expertise d’un ingénieur pour analyser la capacité des transformateurs dans la rue afin de savoir s’ils sont aptes à alimenter un immeuble supplémentaire. Puisqu’il y a beaucoup d’autres dossiers qui demandent l’aide d’un ingénieur, l’entrepreneure s’inquiète de voir son projet retardé : « Dans une construction neuve, tous nos travaux sont synchronisés et nous avons des dates à respecter. » Puisque la société d’État est la seule qui offre ce service, Mme Venne considère que de rendre le problème public est la seule option pour faire avancer les choses.

Solutions temporaires

Avec le déménagement de ses locataires, India Venne se retrouve dans une situation inconfortable qui l’empêchera d’alimenter ses logements en électricité. « Il est impensable dans un contexte de pénurie de logements de savoir que nous sommes obligés de travailler avec cette société d’État et que nous ne pouvons recevoir le service demandé dans un délai raisonnable », déplore-t-elle. L’entrepreneure a donc décidé de dénoncer publiquement son problème et a reçu des témoignages d’autres promoteurs.

Certains ont dû se tourner vers des solutions temporaires desquelles Mme Venne craint de devoir dépendre parce qu’elles sont très coûteuses. En effet, l’un des entrepreneurs a été dans l’obligation de louer une génératrice dans l’attente d’être connecté au réseau électrique. En plus de l’appareil lui-même, l’essence pour le faire fonctionner était très dispendieuse. Pendant cinq mois, il a été contraint de dépenser 30 000$ environ, ce qui n’était pas prévu dans le projet à la base. « Mon électricien m’a aussi raconté qu’il a raccordé un 32 logements dans Joliette qui a dû être sur la génératrice durant un mois. Avec dix locataires déjà installés, cela coûtait 2 500$ par jour d’essence », explique India Venne.

Cette dernière réfléchit à la possibilité d’installer une génératrice ou encore un branchement temporaire. Pour cette deuxième option, l’aide d’Hydro-Québec devra aussi être demandée. La conseillère Thaïs Dubé remarque que l’entrepreneure sera dans l’obligation d’imposer des limites de consommation auprès de ses locataires, par exemple en les restreignant d’utiliser l’air climatisé. Mme Venne ignore quelle option choisir puisqu’elle ne sait pas pendant combien de temps elle devra attendre son raccordement principal. Même si ses locataires sont au courant et comprennent la situation, la jeune entrepreneure est consciente que cela leur apporte un stress supplémentaire. «C’est une situation difficile pour les locataires et pour les promoteurs qui essayent de construire avec un haut taux d’intérêt, des prix de matériaux élevés et des délais. Ça commence à ajouter beaucoup de frais », souligne India Venne.

De son côté, Mme Dubé reconnait que les délais peuvent être longs pour les demandes plus complexes, alors elle recommande aux entrepreneurs de se prendre un an à l’avance pour éviter ce genre de situation. Toutefois, selon India Venne, cette suggestion est impossible à appliquer : « Je ne peux pas supporter mon projet, détenir le terrain et attendre un an et demi pour que l’ingénierie se fasse. Ce n’est pas réaliste et rentable. » La conseillère d’Hydro-Québec rétorque que les démarches peuvent être faites étape par étape. Ainsi, la demande peut être envoyée préalablement et le dossier progressera au rythme de l’avancement des travaux. Thaïs Dubé soutient que les branchements résidentiels, comme celui d’India Venne, sont priorisés avant ceux pour les commerces ou les résidences secondaires comme des chalets. Cependant, des délais sont à noter pour chaque étape. « Hydro-Québec a l’obligation légale de brancher ses clients et nous allons le faire, dans la mesure du possible », conclut Mme Dubé.

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