Un jardin pour monarques qui se laisse désirer à Lanoraie

  • Publié le 15 juill. 2025 (Mis à jour le 15 juill. 2025)
  • Lecture : 3 minutes

Depuis 2023, la Municipalité de Lanoraie détient la certification de « Ville amie des monarques » en réponse aux actions qu’elle a entreprises pour leur survie. La résidente Johanne Cormier, qui s’est donné comme mission de protéger le plus de papillons possible, espérait voir l’un des parcs de la municipalité être transformé en sanctuaire pour ses protégés. Après plusieurs années d’attente, elle lance un dernier cri du cœur pour que des gestes soient posés dans ce sens.

Le parc en question est celui situé au coin des rues Notre-Dame et Louis-Joseph-Doucet. Mme Cormier indique que la Municipalité s’était déjà engagée, en 2023, à reconvertir cet espace : « C’est un petit jardin bien aménagé, qui a déjà de l’asclépiade. » En effet, cette fleur est très importante pour le monarque puisqu’elle sert à la fois de pouponnière et de nourriture aux chenilles. La Lanoroise considère donc qu’il s’agit de l’endroit parfait. Le papillon étant vu dans les croyances mexicaines comme l’âme des personnes décédées qui reviennent visiter leurs proches, sa proximité avec l’église et le complexe funéraire ajoute une symbolique forte. « C’est l’emplacement idéal selon moi puisque les gens vont pouvoir s’y recueillir. »

Le parc se trouve au coin des rues Notre-Dame et Louis-Joseph-Doucet. (Photo gracieuseté)

Johanne Cormier proposait donc que le parc soit nommé « Jardin des monarques ». Le maire André Villeneuve lui avait annoncé que le projet allait passer devant le conseil afin qu’il soit accepté et qu’il puisse se concrétiser. « Il y avait un autre projet [proposé au même emplacement] et le conseil devait peser le pour et le contre. Alors j’étais toute contente en entendant cette nouvelle », se souvient la résidente. Toutefois, encore aujourd’hui, Mme Cormier se désole de ne voir aucune action prise. « Le jardin est déjà là, il y a déjà des plantes, dont des asclépiades, donc ça ne demande pas vraiment de coûts. Tout ce qui manquerait serait une petite inauguration officielle. Je ne demande pas une cérémonie avec tambours et trompettes. Juste une pancarte pour nommer le parc », propose-t-elle.

Comme explication, le maire André Villeneuve précise que plusieurs urgences survenues dans la municipalité ont obligé le report du dossier. Il cite notamment l’exemple d’un câble souterrain qui s’est récemment brisé et qui a menacé l’approvisionnement des puits en eau potable. M. Villeneuve assure toutefois que le conseil est favorable à la nomination du jardin : « Ce n’est pas parce que nous ne voulons pas, c’est parce que le temps nous a manqué ». Le maire souligne qu’il ne peut pas prendre cette décision seul. Il doit la faire approuver par les conseillers et laisser le processus de vote suivre son cours. Malgré tout, le dossier n’est pas mis de côté puisque le conseil réfléchit déjà à des idées pour embellir le parc, considérant la possibilité d’y mettre un monarque en bois ou une décoration similaire.

Une certification en péril?

Johanne Cormier rappelle que le temps presse. Les monarques pondent déjà leurs œufs. Le parc permettrait donc aux chenilles à naitre d’avoir accès à leur nourriture et de grandir en paix. De son côté, elle est au travail alors qu’elle prend soin de treize œufs et de sept chenilles chez elle. Grâce à ses installations et à son jardin, qui contient beaucoup de fleurs gracieusement offertes par ses voisins, elle souhaite venir en aide à une centaine de papillons cette année.

Elle aurait cependant aimé que le jardin soit inauguré pour l’aider dans sa mission. À bout de patience, elle a donc décidé de communiquer avec les trois organisations qui accréditent la certification « Ville amie des monarques », pour leur demander de retirer à la Municipalité cette reconnaissance, considérant que trop peu d’actions avaient été prises de sa part. « Je leur ai écrit pour les aviser que Lanoraie ne tenait pas parole et qu’elle ne méritait pas ce certificat », reconnait Johanne Cormier.

M. Villeneuve considère quant à lui que la Municipalité a agi de nombreuses façons. Alors que, pour avoir la certification, les villes doivent accomplir trois actions en appui à la cause, le maire stipule qu’une dizaine de gestes ont été effectués, comme, entre autres, de décréter, lors d’une séance du conseil, que la Municipalité contribuera à la restauration du monarque, de revaloriser un terrain inoccupé en créant une zone d’habitation pour cette espèce ou encore de distribuer des semences d’asclépiades lors de la Journée de l’arbre. Sur ce point, Mme Cormier aimerait que la distribution n’inclue pas que des semences, mais de véritables plants d’asclépiades afin qu’elles soient prêtes à accueillir les papillons.

Le maire est persuadé que Lanoraie mérite sa certification alors que d’autres actions sont mises en place pour les papillons. Il informe d’ailleurs que des jeux d’eau seront bientôt implantés au sein de la municipalité et que l’aménagement paysager autour des installations a été réfléchi en fonction des monarques. « Je pense que de sensibiliser les gens et d’agir au quotidien, c’est ce qui est le plus important. Ce n’est pas un geste qui fera une différence, mais l’addition de ces actions », termine-t-il en saluant les efforts de Johanne Cormier pour la conservation du papillon.

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