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06 avril 2024

Jason Joly - jjoly@medialo.ca

Exiger des transports collectifs inclusifs partout dans Lanaudière

MÉPAL

Transport collectif

©Photo gracieuseté - L'Action d'Autray

Le MÉPAL organisera une mobilisation afin d’amener le gouvernement provincial à considérer le transport collectif comme un service public.

Le Mouvement d’éducation populaire de Lanaudière (MEPAL) appel à l’action et donne rendez-vous à la population le 17 avril, à 12 h 45, au terminus de Joliette. De cette façon, l’organisation espère mettre en lumière l’importance d’un système de transport collectif inclusif sur le territoire lanaudois.

Le MÉPAL rappelle que les défis en matière de transport sont nombreux et pèsent lourd sur les personnes à faibles revenus, les personnes âgées, les femmes et les familles. En pleine crise climatique, le transport collectif apparaît selon lui comme une solution qui permettrait à la fois de réduire les inégalités et de réduire les émissions de gaz à effet de serre : « Pourtant, partout sur le territoire, l'offre de services de transport collectif est insuffisante, inégale et en détérioration. »

Le regroupement presse donc le gouvernement du Québec d’en faire plus pour assurer une transition juste et viable. Plusieurs témoignages qu’il a recueillis affirment que ses membres peinent à trouver du travail, quittent l’école, ne peuvent pas se rendre à la banque alimentaire, doivent annuler leurs rendez-vous de santé ou manquent à des engagements judiciaires. Ces conséquences décuplent les demandes d’aide aux organismes communautaires. « Le service de taxi-bus n’est pas adapté pour les familles qui ont de jeunes enfants avec leurs sièges d’auto, l’horaire ne répond pas nécessairement aux besoins, les coûts sont un enjeu et le processus de réservation peut prendre plusieurs semaines pour une famille nombreuse ! », remarque Nancy Sarrazin, intervenante à Cible famille Brandon.

Selon le MÉPAL, le transport collectif devrait être reconnu comme un droit fondamental puisqu’il est un pilier essentiel pour l’exercice de plusieurs autres droits, tels que la santé, l’éducation, le revenu décent et la participation citoyenne. « Il est faux de croire que tout le monde peut se permettre le fardeau financier d’une voiture », mentionne Jessica Lambert, co-coordonnatrice du MÉPAL. Plusieurs instances ont d’ailleurs déjà expliqué comment le manque d’accès au transport nuit à l’amélioration des conditions de vie. La Table de concertation des groupes de femmes de Lanaudière (TCGFL) avait par exemple publié une étude en 2014 soutenant que le manque de transport réduit les opportunités pour briser l’isolement des femmes en situation de pauvreté. Des fiches d’informations produites par l’Institut de recherche et d’Informations socioéconomiques (IRIS) soutiennent également que l’aménagement du territoire devrait être revu pour favoriser l’accès à des services de proximité. « J’aimerais que mes enfants puissent faire des activités après l’école, je dois répondre seule à mes besoins et ce n’est pas toujours possible », déplore Cynthia, qui est mère de quatre enfants et membre de Cible famille Brandon.

Revoir le rapport au transport

L’association Trajectoire Québec a mis en lumière les différents obstacles à la mobilité rencontrés par la population de Lanaudière dans un portrait diagnostique. En résumé, les services sont difficilement accessibles sur une importante partie du territoire, parfois même inexistants, la connexion entre les MRC est rarement possible, la fréquence et les horaires sont inadaptés et la tarification est trop élevée pour bien des personnes. « Je dois reporter des rendez-vous importants à cause des délais d’attente », témoigne Kim du Mouvement Personnes d’Abord de Joliette. Dans ce portrait de Trajectoire Québec, plusieurs MRC mentionnent que le principal enjeu de développement du transport collectif est de nature financière. Le financement provenant du ministère des Transports et de la Mobilité durable ne suffit pas pour répondre aux besoins de la région et les charges financières sont trop importantes.

Jessica Lambert du MÉPAL croit que le désengagement de l'État pose problème, laissant aux municipalités la responsabilité du financement et la gestion des transports collectifs, et ce, dans bien des cas, avec très peu de moyens financiers. De plus, les membres du regroupement considèrent qu’il est « tout à fait absurde, en pleine crise climatique, que les gouvernements continuent d'investir massivement dans les infrastructures routières au détriment des services de transport collectif qui sont à l’agonie partout au Québec ». L’IRIS soutient d’ailleurs que la stratégie actuelle du gouvernement pour la transition

énergétique va à l’encontre des principes adoptés dans son Plan pour une économie verte. « En mettant l’accent sur l’électrification des transports et en forçant encore une fois le recours à l’automobile individuelle, les inégalités économiques restent dans l’ombre de la transition, tout autant que les enjeux environnementaux générés par l’industrie de la voiture électrique. »

Face à cette réalité, le MÉPAL revendique entre autres un investissement massif et une prise en charge par le gouvernement provincial du financement du transport collectif comme un service public. Il souhaiterait aussi que les différentes instances qui assurent le déploiement des services soient accompagnées équitablement en fonction des besoins et des réalités territoriales pour pouvoir assurer un service continu, couvrant tout le territoire, avec une fréquence suffisante et un arrimage fluide. Le MÉPAL considère également que, pour que le transport collectif soit une option privilégiée par les utilisateurs, l’offre doit être interconnectée et efficace et que les coûts doivent être avantageux. Finalement, le regroupement est d’avis que les services doivent être adaptés à la diversité des capacités et des besoins des utilisateurs.

Le MÉPAL invite les différentes instances et la population à se rendre sur son site internet pour prendre connaissance de l’ensemble de ses revendications ainsi qu’à participer à l’action prévue le 17 avril prochain. « Lutter pour l'accès aux transports collectifs, c'est lutter pour la justice sociale et contre la crise climatique !», proclame en terminant Jessica Lambert.

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