Sarah Yergeau | syergeau@medialo.ca
Le jeudi 5 octobre dernier, Berthierville soulignait en grand les 35 années d’existence du Musée Gilles-Villeneuve, en l’honneur du légendaire pilote automobile. Ce sont 27 toiles de l’artiste Carolyne Cauchon qui ont été exposées dans l’établissement historique, en rappel au numéro 27, soit celui de la toute dernière Ferrari pilotée par le coureur de renommée mondiale. Pour l’occasion, le maire de la Ville, Pierre Lahaie, était présent.
« Quand Alain et moi nous sommes rencontrés en 2019 au salon de l’auto sport, il a remarqué ma toile de Gilles, qui était d’ailleurs la toute première que j’avais peinte. On s’est mis à échanger pour en venir sur le sujet du vernissage pour les 35 ans du Musée », confie Carolyne Cauchon, en entrevue avec L’Action D’Autray.
Cette première œuvre du pilote automobile était un point de non-retour dans le parcours d’artiste de Mme Cauchon : « Après ma première création, ça m’a marquée, il s’est passé quelque chose. Je me suis mise à faire des recherches et à lire beaucoup sur Gilles ainsi que sur sa femme, ses enfants et son parcours. Vraiment, son cheminement a été un coup de foudre pour moi », dévoile celle qui se spécialise dans la création d’œuvres d’automobiles.
« Depuis que j’étais jeune, j’ai toujours été passionnée par les voitures et les courses automobiles. Je connaissais Gilles de nom, mais c’est vraiment à mes 53 ans que je suis tombée en amour avec lui ».
Alors que les commandes débordaient dans son quotidien, Carolyne Cauchon explique qu’elle a osé se choisir. « J’ai décidé de peindre ce qui me tenait à cœur. En me demandant ce que moi, j’avais le goût de faire. C’est là que Gilles est apparu », dit-elle en frissonnant.
Cette décision l’a amenée à peindre une soixantaine de toiles de Gilles Villeneuve en un an. Parmi celles-ci, 27 ont été retenues pour le vernissage de la célébration des 35 ans du musée à Berthierville. « En 30 ans de carrière, c’est la première fois de ma vie que je peins le même sujet, une toile après l’autre », déclare Mme Cauchon, passionnée par son sujet.
L’artiste a certainement l’intention de continuer de représenter son idole. « Je me rends compte que vraiment, je n’ai pas terminé avec Gilles. Je n’ai fait qu’effleurer son parcours ». Parmi ses prochaines créations, Carolyne Cauchon compte entre autres débuter l’illustration des membres de sa famille.
À propos de Gilles Villeneuve
Avec une carrière éclair de six victoires en cinq ans, le Berthelais Gilles Villeneuve a été, rappelons-le, le pilote automobile vedette de Ferrari. Encore aujourd’hui, le Musée accueille des admirateurs d’une trentaine de pays. Le fondateur et directeur du Musée, Alain Bellehumeur, revient sur le parcours historique de ce pilote qui n’avait pas froid aux yeux et pour qui les limites étaient inexistantes.
M. Bellehumeur explique que c’est en grande partie son tempérament extrémiste qui l’a mené à se démarquer des autres pilotes et à gravir les échelons chez Ferrari. « Un pilote de Formule 1, c’est déjà quelqu’un d’extrême à la base, mais Gilles, c’était une coche de plus. Par exemple, si tous les coureurs passaient une courbe à un pouce du mur, lui, il essayait de la passer à un demi-pouce, pour que ça aille encore plus vite ».
L’ayant connu personnellement, il témoigne que sur la piste et au quotidien, c’était le jour et la nuit. « Gilles, c’était un gars très réservé dans la vie de tous les jours. En revanche, quand il était sur la piste avec un volant entre les mains, c’était une autre affaire », déclare M. Bellehumeur.
Le directeur du Musée vante également le talent inné du coureur automobile, pour qui la victoire était la seule option possible. « Gilles, c’était premier ou rien. Finir deuxième, c’était comme être le premier des perdants. Ce qui m’impressionne, c’est qu’il est parti de Berthierville dans une famille qui n’était pas riche et un jour, il se retrouve chez Ferrari, qui est le summum de la Formule 1. Déjà, c’est un exploit, mais en plus il devient le pilote vedette de la Formule 1, grâce à rien d’autre que son talent », raconte-t-il, visiblement toujours aussi animé.
Le fondateur se dit fier d’aller chercher cette visibilité grâce à la renommée de Gilles, mais aussi à cause de la persévérance de son équipe et de l’ancienneté du Musée. « Si on n’avait pas été là, les trophées et son histoire seraient rendus où? Que serait-il advenu des pièces de ses anciens prototypes, qui continuent d’être retrouvées un peu partout dans le monde encore aujourd’hui? », songe le fondateur.
D’une simple exposition à un musée
Le Musée Gilles-Villeneuve de Berthierville n’a pas toujours occupé cette position en tant qu’emblème du célèbre coureur automobile. Effectivement, c’est d’une exposition visant à encourager le pilote, jadis en pleine période de Grand Prix, que de fil en aiguille, l’organisation a fait ses preuves et a pu devenir une institution de commémoration.
« Avant, je faisais du bénévolat avec le comité des loisirs de Berthierville et au cours de cette collaboration, j’ai mentionné l’idée aux bénévoles d’organiser un évènement que j’ai nommé L’Expo BerthierVilleneuve, qui s’est déroulé pendant la semaine du Grand Prix du Canada, en septembre 1981. Gilles est venu nous rencontrer sous le regard de quelque 350 spectateurs et depuis, c’est une passion pour moi. J’ai laissé mon ancien emploi pour me consacrer pleinement au Musée avec d’autres bénévoles », admet M. Bellehumeur.
Bien conscient de l’importance de se réinventer tout en poursuivant la mission de l’établissement, le directeur est soucieux de mettre en place divers évènements afin de garder sa clientèle active et satisfaite. « Le vernissage est un bon exemple de soirée qui vise à attirer les habitués qui ne sont pas venus depuis longtemps et de rejoindre par le fait même une nouvelle clientèle aussi », souligne M. Bellehumeur.
Après toutes ces années, le souhait le plus cher du fondateur se réalise, soit le fait que la génération qui a connu Gilles Villeneuve passe le flambeau aux plus jeunes. « Ce qui me rend le plus heureux, c’est que le Musée soit devenu un trait d’union entre les générations, c’est-à-dire ceux qui ont connu Gilles et ceux qui en ont entendu parler. Ça me fait toujours plaisir de voir des grands-parents arriver avec leurs petits-enfants et d'assister à ce transfert, qui répond exactement à notre mission, soit celle de perpétuer le souvenir de Gilles à travers le temps ».
Les toiles de Carolyne Cauchon resteront exposées au Musée jusqu’à la fin octobre pour l’admiration du grand public.