Une famille qui a dû tout rebâtir témoigne de sa résilience

  • Publié le 12 août 2025 (Mis à jour le 13 août 2025)
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Des familles de la rue Vadnais à Saint-Cuthbert ont dû repartir à zéro. (Photo gracieuseté)
Des familles de la rue Vadnais à Saint-Cuthbert ont dû repartir à zéro. (Photo gracieuseté)

Debby, un an plus tard

Le 9 août a tristement marqué un anniversaire hors du commun. Celui d’un désastre sans précédent, ayant tout pris aux résidents de la rue Vadnais à Saint-Cuthbert. Celui, aussi, de la résilience et de l’acharnement de Jérémie Lagacé et de sa famille, qui leur ont permis de se tenir debout et de faire changer l’issue de leur histoire afin d’envisager un avenir.

Jérémie Lagacé, sa conjointe et leurs deux enfants demeuraient depuis deux mois dans leur résidence de la rue Vadnais lorsque la tempête tropicale Debby a frappé le Québec, le 9 août 2024. « Nous savions qu’il allait y avoir une tempête, mais nous n’aurions jamais imaginé que nous allions être inondés au point de tout perdre et de ne jamais pouvoir retourner vivre dans notre maison », raconte le Lanaudois en entretien avec L’Action D’Autray. Jérémie Lagacé, qui demeure maintenant à Saint-Paul, a décidé que 2025 allait être une année de libération où il allait prendre la parole et partager ce qu’ils ont vécu. « Il se passe de belles choses dans Lanaudière, mais l’été dernier, des gens l’ont échappé. »

Le Lanaudois ne pensait jamais que la petite vallée où il avait récemment acquis sa propriété, située à 300 mètres de la rivière Chicot, puisse voir passer une telle masse d’eau. Lui et sa famille ont réussi à fuir, alors que l’eau s’accumulait dans le sous-sol et autour de leur maison, par la côte qui remonte vers le cœur du village. Jérémie Lagacé se souvient alors des pompiers qui couraient dans tous les sens, ne sachant plus où donner de la tête, tellement ils recevaient d’appels simultanés.

Les jours qui ont suivi ont paru, pour les membres de cette famille devenue sans abri en quelques minutes, une éternité. Ceux-ci ont été teintés par la générosité d’une élue municipale qui leur a prêté sa roulotte, avant qu’ils ne soient pris en charge par la Croix-Rouge qui leur a trouvé une chambre d’hôtel et permis de se procurer des produits de base.

Jérémie Lagacé mentionne qu’on parle souvent de ce qui va mal dans la société, mais que beaucoup de choses extraordinaires se produisent aussi. C’est ainsi que la famille a été approchée par des gens de partout qui, le cœur sur la main, lui ont offert des dons, prêté une voiture ou aidé à trouver une maison à louer temporairement.

Le citoyen se rappelle cependant de son sentiment d’être ignoré. Alors que des accumulations d’eau dans les villes et banlieues du Grand Montréal défrayaient la manchette, les résidents des neuf maisons de la rue Vadnais avaient absolument tout perdu et n’avaient plus de chez-soi.

Jérémie Lagacé, sa conjointe et leurs deux enfants. (Photo gracieuseté)

Un énorme drame

Une fois le drame survenu, le pire était encore à venir pour Jérémie Lagacé, qui allait devoir se battre pour faire reconnaître le sinistre par les assureurs. Les délais pour entrer en communication avec la compagnie d’assurances ainsi que la façon dont elle a accueilli ce qu’ils vivaient ont laissé des traces. « Je conseille d’ailleurs aux gens de bien magasiner leurs assurances et de réellement savoir ce à quoi ils ont droit! »

Les multiples tentatives pour joindre sa députée, qui est aussi ministre et responsable de la région, ont également été vaines. « Après des essais infructueux, je lui ai écrit que j’allais continuer à lui écrire, que je n’avais rien à perdre et que j’allais faire entendre mon histoire d’une façon ou d’une autre. Le résultat? Le service de sécurité de l’Assemblée nationale a enquêté sur moi, mon courriel ayant été jugé inquiétant! C’était vraiment digne d’un mauvais film policier. »

Certes, le drame du 9 août 2024 était imprévisible, mais le citoyen souhaitait ardemment qu’il y ait des discussions avec les autorités afin que personne ne puisse se reconstruire sur la rue Vadnais et que plus jamais un tel sinistre ne se reproduise.

Jérémie Lagacé poursuit : « De notre point de vue, il venait de se produire quelque chose d’aussi gros que les inondations à Sainte-Marthe-sur-le-Lac! C’était énorme, mais c’est survenu dans une petite municipalité rurale alors personne n’en parlait. »

Au total, les biens que la famille a pu récupérer dans sa défunte maison sont minimes et il ne fallut pas longtemps pour que les demeures des sinistrés soient pillées de fond en comble. « Quand on perd des fondements comme une maison, il faut continuer à avancer même si c’est terrible. La présence de nos enfants nous aidait. Mais il y a des journées où je pouvais être étourdi ou confus. J’ai compris ce que c’était qu’un choc post-traumatique. »

L’ultime combat

Lorsqu’un programme d’aide pour les sinistrés de la tempête Debby a été mis en place par le ministère de la Sécurité publique, ce fut une lueur d’espoir. « Nous pensions être acceptés dans le programme vu que celui-ci couvrait presque exclusivement les inondations causées par un débordement de cours d’eau et c’est ce qui s’est passé avec nous. »

Toutefois, les choses ne se sont pas passées aussi facilement. À la suite d’une évaluation que Jérémie Lagacé qualifie de « sommaire » de la part d’un expert en sinistre au service du gouvernement, il a appris que le montant estimé des dommages n’atteignait pas le plancher pour que la démolition soit autorisée, ce que le Lanaudois souhaitait ardemment. « La somme proposée n’aurait jamais été suffisante pour remettre la maison en ordre et même si nous la rénovions, combien de temps allait-il s’écouler avant qu’un tel sinistre se déroule de nouveau au même endroit? »

Les semaines et les mois qui ont suivi ont été consacrés à fournir des arguments valables dans le but de convaincre le ministère de la Sécurité publique que sa logique ne tenait pas la route. « Il n’y avait que le gouvernement qui était à même de nous aider. Sans la démolition, nous allions tout perdre et possiblement faire faillite…C’était la ruine financière assurée. »

Au milieu du mois d’octobre, tous les autres résidents de la rue Vadnais avaient déjà obtenu l’autorisation de démolir. De son côté, Jérémie Lagacé a dû prendre une pause professionnelle pour échanger avec le gouvernement et faire appel à une multitude d’experts indépendants dans le but de faire évaluer la cheminée, le drain français, la fosse septique, etc.

Un tournant majeur dans le dossier fut le rapport d’incident des pompiers de la soirée du 9 août 2024, fourni par Jérémie Lagacé au Ministère, qui faisait état de l’impossibilité d’aller porter secours aux résidents de la rue Vadnais de manière sécuritaire compte tenu du débit d’eau au moment des appels.

Le 18 décembre 2024, à quelques jours de Noël et après quatre mois d’angoisse, la famille a reçu la confirmation que la démolition était acceptée. Étant donné la saison hivernale, celle-ci s’est déroulée en mai 2025.

« Tout le monde a sa façon de réagir à des événements extraordinaires. Moi, j’ai voulu battre le gouvernement à son propre jeu, j’ai pris le temps de devenir un expert de leurs procédures. Tout ce que le programme tendait à faire, c’était de créer de nouveaux pauvres. Au final, nous avons eu le minimum qui nous permettait d’avoir la tête hors de l’eau financièrement. »

Jérémie Lagacé et sa conjointe sont heureux d’avoir pu se réinstaller dans la région de Lanaudière qu’ils affectionnent grandement. « Il faut savoir rebondir sur ce qui nous arrive et il faut persister. Tenir notre bout nous a permis de faire changer la décision du gouvernement et d’avoir un avenir! »

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