Quatre stratégies pour revitaliser le Vieux-Berthierville

Quelques dizaines de Berthelais étaient réunis pour assister à la consultation du Plan particulier d’urbanisme (PPU) du Vieux-Berthierville qui s’est déroulée le 6 août dernier. Marc-André Bourgault, directeur de projet pour l’Atelier urbain, a pu présenter les grandes propositions du plan visant à modifier ou à moderniser le secteur pour adapter ses règlements aux enjeux et aux impératifs actuels.

De prime abord, M. Bourgault précise qu’un PPU est une annexe que la Ville peut associer à son plan d’urbanisme. Alors que ce dernier permet de planifier tout le territoire municipal, le PPU vise un secteur particulier pour dicter les usages, l’aménagement et les normes à respecter par les promoteurs potentiels. De plus, il se distingue des règlements d’urbanisme. M. Bourgault illustre cette différence en mentionnant que le premier présente « les grandes orientations » alors que les règlements dictent la marche à suivre pour des projets plus concrets. « La consultation concerne donc à la fois la planification, mais aussi les règlements qui vont mettre en œuvre cette planification », indique le directeur de projet.

Ce travail était devenu nécessaire afin d’améliorer le cadre règlementaire qui est considéré comme vieillissant, mais également pour clarifier les normes de construction, particulièrement dans un contexte où le développement immobilier est en hausse pour contrer le manque de logements. Plusieurs changements s’appliqueront autant pour le zonage (usages, hauteurs et types de bâtiments), le lotissement (possibilité de diviser les lots) ou encore dans l’élaboration d’un plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) au sein du centre-ville seulement.

Une vision en quatre orientations

Le plan prévoit quatre principales stratégies pour améliorer le Vieux-Berthierville. La première mise sur le paysage, principalement riverain, et le patrimoine en améliorant le secteur historique et en rajeunissant le cadre bâti. Dans cette logique, le PPU recommande de protéger le patrimoine et de favoriser l’entretien des constructions plus anciennes. Marc-André Bourgault mentionne que la Ville pourra émettre un constat dans le cas où un propriétaire ne prend pas soin de son immeuble. En outre, les critères pour la démolition de bâtiments patrimoniaux seront plus rigoureux. Pour ce qui est du zonage, des changements seront apportés par rapport aux marges ou aux hauteurs, notamment avec l’ajout d’une hauteur d’insertion. « Un troisième étage ne sera pas accepté si les voisins sont à deux étages », résume M. Bourgault. Finalement, les normes en lien avec les projets intégrés seront davantage détaillées, concernant, par exemple, le pourcentage de végétalisation à conserver sur le terrain.

La deuxième stratégie met l’accent sur la mixité et le dynamisme du centre-ville. « Il y a déjà des commerces, mais il faut faire attention de ne pas les perdre au profit des grandes artères commerciales », conseille Marc-André Bourgault. L’idée a donc été de réfléchir aux façons de prendre soin du centre-ville.  Le PIIA servira ainsi à appliquer des critères pour rendre les vitrines et les façades plus attrayantes. La mixité d’usages sera autorisée sous la condition d’avoir un petit commerce. « Nous recherchons une desserte de proximité, donc un café ou une boulangerie qui ne causeront pas de nuisance pour les voisins », souligne le directeur de projet. Du côté résidentiel, des changements dans la règlementation seront apportés afin de simplifier certaines initiatives, telles que l’implantation d’un logement dans une maison ou la construction d’une petite résidence supplémentaire sur un terrain privé.

De plus, le PPU vient réfléchir à une structuration des rues qui offrira des déplacements sécuritaires et agréables. M. Bourgault avoue que pour certaines artères très passantes, comme l’avenue Gilles-Villeneuve, le transport actif (marche, vélo, trottinette, etc.) est complexe ou ne semble pas sécuritaire : « Dès qu’il y aura des réaménagements de rues dans le secteur, nous avons l’objectif de penser au confort des usagers actifs et non seulement aux voitures ». Des efforts seront mis pour implanter des bornes électriques ou des supports pour les vélos.  L’idée est aussi de créer un corridor récréotouristique, grâce à des lieux et des commerces qui vont attirer les touristes et les inciter à rester dans le Vieux-Berthierville.

La dernière stratégie se concentre sur le déploiement d’un secteur vert et résilient. Un travail sera notamment réalisé pour réduire les îlots de chaleur et améliorer la couverture de la canopée. Lors de la présentation d’un projet ou la création d’une rue, des espaces seront identifiés pour implanter de la verdure. La règlementation sera également changée pour améliorer la conservation des arbres en cas de rénovation ou de construction. Des exigences de surfaces végétales et d’arbres seront imposées selon les quartiers. Le PPU encourage également l’usage d’infrastructures vertes et bleues dans les nouveaux aménagements ou espaces. Marc-André Bourgault donne comme exemple des stationnements conçus pour rediriger l’eau de pluie dans des noues végétalisées. Le plan encourage finalement l’installation de bacs, de potagers, de plantes nourricières ou d’arbres pour faire de l’agriculture urbaine.

Période de questions

Les citoyens ont été invités à poser leurs questions lors de la consultation et certains ont pris la parole. Mme Magnan a commencé en déplorant que le PPU ne considérait pas de proposer l’aménagement de toits blancs pour lutter contre les îlots de chaleur. « Partout on en parle, mais pas vous. Alors, je trouve ça décevant. J’aurais voulu que vous en parliez parce que les changements climatiques, nous les avons en pleine face! », a-t-elle rappelé. Marc-André Bourgault a rassuré la dame en disant que les toits blancs étaient une exigence proposée. Il avait omis de le mentionner dans sa présentation du plan à cause de la quantité volumineuse de suggestions que comporte celui-ci, mais il confirme que les toits blancs en font partie. Une réponse qui a réjoui la Berthelaise.

Robert Hudson a aussi pris la parole pour dénoncer un nombre de cases de stationnement insuffisant selon lui pour les logements. Marc-André Bourgault avait annoncé que le ratio proposé est désormais de 1,5 case par logement dans les futurs projets du secteur. L’urbaniste estime que ce nombre respecte les standards pour une ville comme Berthierville, mais M. Hudson ne semblait pas convaincu : « J’ai une famille avec deux enfants qui vont au cégep. Nous sommes dans une région où il n’y a pas vraiment de transports en commun. J’ai donc quatre voitures dans ma cour. » Le directeur de projet pour l’Atelier urbain rappelle que ce nombre concerne seulement les multilogements, mais il ajoute que beaucoup de projets proposent désormais des logements pour personnes seules, ce qui peut expliquer le nombre de cases suggéré. Finalement, une autre citoyenne, Mme Bergeron, a recommandé le reverdissement de la rue St-Viateur. « Elle a été minéralisée l’an dernier et nous en sentons les effets », confie-t-elle. Le maire de Berthierville, Pierre Lahaie, a acquiescé à cette proposition, disant que la Ville « se ferait un plaisir » d’intervenir.

Pour tout connaitre à propos du PPU, les citoyens peuvent consulter les avis publics relatifs aux règlements 747-2 et 987 au https://www.ville.berthierville.qc.ca/ville/affaires-municipales/avis-publics.