Du logement social revendiqué pour lutter contre la pénurie

  • Publié le 23 janv. 2024 (Mis à jour le 23 mai 2025)
  • Lecture : 4 minutes

Après avoir analysé les données du recensement 2021 de Statistique Canada, trois organismes de Lanaudière se sont rassemblés pour mettre en évidence la pénurie de logements qui sévit dans la région. À l’aide de chiffres et de situations vécues par des locataires lanaudois, ils ont voulu apporter certaines nuances sur les résultats de ces données qui, bien qu’elles indiquent une hausse des revenus durant cette année, présentent une situation inquiétante.

La Table de concertation des groupes de femmes de Lanaudière, Action logement Lanaudière et le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) ont travaillé en cohésion afin de documenter la pénurie de logements et ses impacts dans la région. Au sein du Dossier noir logement et pauvreté, ils espèrent convaincre le gouvernement provincial d’intervenir massivement dans le secteur pour répondre à la crise.

Sacrifier des besoins pour se loger

Pour sa 8e édition, le bilan résume que le manque de logis est catastrophique au Québec, Lanaudière ne faisant pas exception. Selon Catherine Lussier, du FRAPRU, 28 des 40 plus grandes villes de la province se retrouvent avec un taux d’inoccupation inférieur à 1 %. Les hausses rapides des loyers peuvent expliquer ces résultats. À Joliette, de 2018 à 2022, le loyer moyen a augmenté de 24,7 %. Les villes de Mascouche et de Terrebonne ont aussi connu des hausses importantes des loyers, qui sont respectivement de 38,7 % et de 52,4 % en quatre ans.

Certains locataires doivent donc consacrer une part considérable de leurs revenus pour se loger, quitte à couper dans leurs besoins fondamentaux comme la nourriture. À Joliette, en 2021, 25 % des ménages locataires dépensaient plus de 30 % de leurs revenus pour se loger, soit le maximum recommandé. Du côté de Repentigny, ce sont 28,6 % des locataires qui dépassent le pourcentage suggéré. Mascouche et Terrebonne suivent aussi la tendance. En effet, 20,4 % des locataires mascouchois et 26,8 % des locataires terrebonniens consacrent plus de 30 % de leurs revenus pour leur loyer.

Denis Courtemanche, coordonnateur par intérim d’Action logement Lanaudière, relate que certains, pour payer le moins cher possible, se forcent à vivre dans des logements avec des cas d’insalubrités graves qui peuvent nuire à leur santé. En 2022, l’organisme a traité 70 dossiers en lien avec ces problématiques. « Nous voyons les pires côtés des projets privés et les pires pratiques des propriétaires », remarque M. Courtemanche.

ImageCrédit : Jason Joly
Audrey Lapointe-Beaudin, Denis Courtemanche et Catherine Lussier ont présenté le Dossier noir logement et pauvreté.

Des communautés particulièrement touchées

Au sein de son analyse, le FRAPRU a identifié des groupes qui se retrouvaient dans des situations précaires. Les femmes, les ainés, les jeunes, les personnes seules, les parents monoparentaux, les immigrants, les locataires en situation d’handicap ou encore les membres de communautés autochtones en font partie. Qu’ils s’agissent de discrimination ou encore de non-respect des droits des locataires, les cas sont nombreux.

Les femmes sont particulièrement impactées par cette hausse des loyers puisque, malgré une amélioration depuis quelques années, les inégalités entre les groupes restent significatives. Le Dossier noir logement et pauvreté relate qu’un écart de revenus de 6000 $ par année persiste toujours. Ainsi, les femmes peinent davantage à se trouver un logis abordable et doivent se contenter d’un ménage dont les conditions sont souvent inadéquates.

Audrey Lapointe-Beaudin, intervenante au Centre de femmes Montcalm, a d’ailleurs illustré, dans un texte engagé, des histoires de femmes, certaines ayant été discriminées ou abusées par leur propriétaire. Que ce soit une mère monoparentale qui peine à se trouver un endroit calme où vivre, une femme nouvellement séparée qui doit faire face aux avances obscènes de son propriétaire ou encore une dame ainée et aux prises avec la maladie qui a été victime d’une reprise de logement, Mme Lapointe-Beaudin a entendu toutes sortes de cas. « Les femmes sont plus à risque de vivre dans la précarité et d’être mal logées. Cela a de graves conséquences sur la santé physique et mentale, et sur le développement des enfants », indique l’intervenante.

Des personnes qui ont assisté à la présentation du bilan ont même mentionné que plusieurs citoyens de la classe moyenne qui ont un travail et un salaire égal ou légèrement supérieur au salaire minimum ne parviennent même pas à respecter le pourcentage recommandé pour les loyers. Cette situation démontre, selon l’assistance, que l’augmentation des loyers pose problème non seulement aux personnes qui ont un statut précaire, mais également à d’autres qui ont une situation plus stable.

Des actions demandées

Les données de 2020-2021 de Statistique Canada indiquent un bilan intéressant du point de vue des revenus des locataires qui ont augmenté durant cette période. Catherine Lussier précise toutefois que plusieurs ont bénéficié de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) et de subventions temporaires. « Nous constatons aussi que toutes les personnes itinérantes ne sont pas comptabilisées dans le recensement. Donc, sur papier, la situation semble s’améliorer, mais ça représente seulement une portion de ce que l’on voit sur le terrain », indique-t-elle.

Selon les organismes impliqués, le gouvernement du Québec se doit de considérer le logement comme une priorité. Pour faire pression, ils ont initié une manifestation devant les bureaux du premier ministre, François Legault, à L’Assomption. Le but était de rappeler que, malgré l’annonce de 8000 logements sociaux supplémentaires en cinq ans, d’autres actions devaient être prises. D’ailleurs, les groupes s’inquiètent « qu’il n’y ait pas d’assurance que ces logements sociaux seront tous financés dans le cadre d’un programme gouvernemental ».

Le regroupement souhaite que les prochains bâtiments construits ne soient plus de l’ordre du privé, mais sous forme d’habitations à loyer modique (HLM), de coopératives ou d’OSBL d’habitation. Il dénonce le virage opéré vers le logement abordable et rappelle qu’après deux ans, le Programme d’habitation abordable du Québec « n’a pas fait ses preuves avec un seul projet mis en chantier ». Pour Catherine Lussier, le logement social est la solution à prioriser pour assurer un loyer que tous pourront payer : « Le logement dit « abordable » est une notion élastique qui n’offre ni garantie sur le long terme ni réponse aux besoins des locataires les plus précaires », termine la porte-parole du FRAPRU.

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