Le travail de rue selon Jacynthe Thériault

L’Action D’Autray, en collaboration avec Travail de rue Lavaltrie (TrueL), a récemment été contacté par le Regroupement des organismes communautaires québécois pour le travail de rue (ROCQTR) pour faire la lumière sur le métier de travailleur de rue. Jacynthe Thériault, de l’organisme TrueL, a accepté de répondre à quelques questions, lors d’une entrevue, pour démystifier cet emploi souvent méconnu du public. 

Jacynthe Thériault a été travailleuse de rue à Joliette pendant 30 ans et elle devait prendre sa retraite l’année dernière. Pourtant, depuis le mois de janvier dernier, elle occupe le poste d’accompagnatrice clinique au sein de l’organisme TrueL. « Mon rôle, c'est de transmettre mes connaissances. J’essaie de donner un certain cadre aux travailleurs de rue et de les sensibiliser à l’importance de travailler ensemble », explique-t-elle. 

Lors de l’entrevue, Jacynthe précise qu’il ne s’agit pas d’une relation d’autorité entre elle et les travailleurs de rue. Elle est là avant tout pour transmettre sa passion, parfois pour questionner, mais toujours dans un rôle d’égal à égal. « Je suis également là pour les encourager et pour les écouter. Parce qu’il y a des interventions, parfois, qui peuvent être un peu plus difficiles et où l’on a besoin de ventiler… », ajoute Jacynthe. Il peut donc lui arriver d’offrir du soutien dans ce genre de contexte. 

« Mes 30 ans de travail de rue ont été une véritable histoire de cœur ! » 

Pour elle, le travail de rue, c’est d’abord et avant tout une relation de confiance, qui se bâtit petit à petit, en étant profondément ancrée dans le moment présent. « C’est important de respecter la personne telle qu’elle est. Par exemple, je ne reviendrai pas sur une situation qui s’est passée hier si elle ne m’en parle pas », explique Jacynthe avant d’ajouter que « le plus important, c’est de comprendre que c’est nous autres les chanceux… Parce que, pendant un instant, ils acceptent de nous faire rentrer dans leur vie, puis c’est là que le travail de rue prend tout son sens ». 

Le message qu’elle souhaite lancer aux jeunes qui s’intéressent à ce métier, c’est de ne pas hésiter à poser des questions aux organismes de leurs milieux, ou même de demander la possibilité de faire un stage d’une journée. En effet, au cours des dernières années, Jacynthe constate que de nouveaux travailleurs de rue quittent le métier après peu de temps, car ils avaient des attentes trop élevées. « Je vois souvent de jeunes travailleurs qui débutent en croyant qu’ils pourront sauver tout le monde… Ce n’est pas ça notre travail. Nous sommes là pour les écouter, pour leur offrir du soutien lorsqu’ils le demandent et pour faire le pont avec d’autres ressources, mais on ne peut rien leur imposer. »  

Crédit : Gabriel Ferland

Si elle prend le temps de faire ce message, c’est parce que la notion de lien de confiance est au centre de la pratique du travail de rue. Cette relation peut parfois être très longue à bâtir; or, elle peut se détruire en un instant. Par exemple, lorsque le travailleur de rue quitte son emploi sans prendre le temps de préparer le terrain avant. Jacynthe Thériault est toutefois consciente que sa vision pourrait ne pas être partagée par tout le monde. Elle conclut en affirmant que, lorsque la réalité du métier est bien comprise, dès le départ, « c’est vraiment le plus beau métier au monde ! » 

Pour en apprendre davantage à propos du travail de rue, il est possible de consulter le site Internet du ROCQTR à l’adresse suivante : https://rocqtr.org/.   

Définir le travail de rue

Selon le Regroupement des organismes communautaires québécois pour le travail de rue (ROCQTR), le travail de rue vise à se rapprocher des personnes qui vivent diverses formes de rupture sociale dans une ou plusieurs sphères de leur vie. Cette pratique se caractérise par le fait qu’elle se déploie directement dans les milieux de vie en prenant le temps d’établir un lien de confiance avec les personnes afin de les accompagner vers un mieux-être. En allant à la rencontre des personnes là où elles se trouvent, les praticiennes et praticiens du travail de rue développent une fine compréhension des réalités humaines. Par exemple, il peut s’agir d’écouter une personne au bout du rouleau, d’en aider une autre à déménager, à rédiger un CV, ou même de contribuer à élaborer un plan d’action local pour la sécurité alimentaire.